Est-ce qu’on peut se faire attaquer par un requin en kite à l’île Maurice ?

Introduction

Avec ses lagons turquoise, ses alizés réguliers et ses spots mondialement réputés comme Le Morne ou Anse la Raie, l'île Maurice est un petit paradis pour les amateurs de kitesurf. Chaque année, des milliers de pratiquants viennent y glisser sur l’eau, portés par des conditions idéales et un cadre spectaculaire.

Mais dans l’imaginaire collectif, un doute persiste, souvent alimenté par les réseaux sociaux ou des faits divers venus d’ailleurs :

et s’il y avait des requins ?

Et surtout, le kitesurf est-il une activité à risque dans les eaux mauriciennes ?

Cette peur, bien que légitime, mérite d’être confrontée aux faits. Dans cet article, Je vous propose une analyse neutre, documentée et scientifique pour répondre à la question :

👉 Peut-on se faire attaquer par un requin en faisant du kite à Maurice ?

Nous allons passer en revue :

• les espèces de requins présentes autour de l’île,
• leur comportement et leur habitat,
• les statistiques d’attaques recensées,
• les témoignages des pratiquants locaux,
• et bien sûr, les mesures de prévention et de sécurité à connaître pour pratiquer sereinement.

Spoiler alert : Maurice est bien plus sûre que vous ne l’imaginez mais autant en avoir le cœur net.

1. Présence des requins à l'île Maurice

1.1 Espèces de requins recensées

L'île Maurice abrite une diversité notable d'espèces de requins, évoluant principalement dans les récifs coralliens, les lagons et les eaux profondes environnantes. Voici une liste des principales espèces observées dans les eaux mauriciennes :

1.1.1 Requin à pointes noires (Carcharhinus melanopterus)

• Taille moyenne : 1,6 mètre
• Comportement : Timide, rarement agressif envers l'homme
• Habitat : Lagons peu profonds, récifs coralliens
• Alimentation : Poissons, céphalopodes, crustacés
• Dangerosité : Considéré comme inoffensif pour l'homme

Cette espèce est l'une des plus communes autour de l'île Maurice, souvent observée par les plongeurs et les snorkelers.

1.1.2 Requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos)

• Taille moyenne : 2 mètres
• Comportement : Peut montrer des signes d'intimidation si menacé
• Habitat : Récifs coralliens, tombants jusqu'à 275 m de profondeur
• Alimentation : Poissons, crustacés, céphalopodes
• Dangerosité : Rarement dangereux, mais à observer avec prudence

Ce requin est souvent observé en groupes et joue un rôle essentiel dans l'écosystème récifal.

1.1.3 Requin-citron (Negaprion acutidens)

• Taille moyenne : Jusqu'à 3,5 mètres
• Comportement : Calme, mais peut être curieux
• Habitat : Lagons, zones côtières peu profondes
• Alimentation : Poissons, crustacés
• Dangerosité : Inoffensif pour l'homme, mais à respecter

Reconnaissable à sa couleur jaunâtre, ce requin fréquente les eaux peu profondes et est rarement impliqué dans des incidents avec l'homme.

1.1.4 Requin bouledogue (Carcharhinus leucas)

• Taille moyenne : Jusqu'à 3,5 mètres
• Comportement : Imprévisible, considéré comme potentiellement dangereux
• Habitat : Eaux côtières, estuaires, parfois en eau douce
• Alimentation : Poissons, tortues, mammifères marins
• Dangerosité : Considéré comme l'un des requins les plus dangereux pour l'homme

Bien que présent autour de l'île Maurice, les interactions avec l'homme sont extrêmement rares.

1.1.5 Grand requin-marteau (Sphyrna mokarran)

• Taille moyenne : 3 à 6 mètres
• Comportement : Solitaire, généralement non agressif
• Habitat : Eaux côtières et pélagiques
• Alimentation : Raies, poissons, autres requins
• Dangerosité : Attaques sur l'homme extrêmement rares

Ce requin est reconnaissable à sa tête en forme de T et est classé comme en danger par l'IUCN.

1.1.6 Requin pointe blanche (Carcharhinus albimarginatus)

• Taille moyenne : Jusqu'à 3 mètres
• Comportement : Curieux, peut s'approcher des plongeurs
• Habitat : Pentes externes des récifs, jusqu'à 800 m de profondeur
• Alimentation : Poissons, céphalopodes, crustacés
• Dangerosité : Peu dangereux, mais à observer avec respect

Présent autour des récifs de l'île Maurice, ce requin est souvent observé lors de plongées en eaux profondes.

1.1.7 Requin mako (Isurus oxyrinchus)

• Taille moyenne : 2,5 à 4 mètres
• Comportement : Très rapide, peut être agressif s'il est menacé
• Habitat : Eaux pélagiques profondes
• Alimentation : Poissons, céphalopodes
• Dangerosité : Potentiellement dangereux, mais rarement observé près des côtes

Ce requin est rarement observé autour de l'île Maurice, mais sa présence est possible dans les eaux profondes.

1.1.8 Requin-baleine (Rhincodon typus)

• Taille moyenne : Jusqu'à 12 mètres
• Comportement : Paisible, inoffensif
• Habitat : Eaux tropicales et chaudes
• Alimentation : Plancton, petits poissons
• Dangerosité : Aucune, totalement inoffensif pour l'homme

Le plus grand poisson du monde, le requin-baleine est un filtreur inoffensif souvent observé par les plongeurs chanceux.

1.1.9 Requin-nourrice (Ginglymostoma cirratum)

• Taille moyenne : Jusqu'à 4 mètres
• Comportement : Lent, docile
• Habitat : Récifs coralliens, fonds sablonneux
• Alimentation : Poissons, crustacés, mollusques
• Dangerosité : Inoffensif, mais peut mordre si provoqué

Ce requin est rarement observé autour de l'île Maurice, mais sa présence est possible dans les zones récifales.

1.1.10 Requin dagsit ou requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos)

• Taille moyenne : Jusqu'à 2,5 mètres
• Comportement : Peut être territorial, surtout en présence de nourriture
• Habitat : Récifs coralliens, tombants
• Alimentation : Poissons, céphalopodes
• Dangerosité : Peu dangereux, mais à observer avec prudence

Ce requin est souvent observé en groupes autour des récifs de l'île Maurice.

Cette diversité d'espèces de requins autour de l'île Maurice témoigne de la richesse de son écosystème marin. La plupart de ces requins sont inoffensifs pour l'homme et jouent un rôle crucial dans l'équilibre écologique des océans.

1.1.11 Requin longimane (Carcharhinus longimanus)

• Taille moyenne : Environ 2,5 à 3 mètres
• Comportement : Curieux, opportuniste, souvent attiré par les embarcations ou les situations inhabituelles en pleine mer
• Habitat : Eaux océaniques profondes, loin des côtes (zones pélagiques tropicales et subtropicales)
• Alimentation : Poissons pélagiques, calmars, parfois charognes
• Dangerosité : Modérément à fortement dangereux pour l'homme en cas d'accident maritime en haute mer (célèbre pour ses attaques post-naufrage)

🔍 Remarques spécifiques à l'île Maurice :

Bien que présent dans la zone océanique autour de l’île, le requin longimane n’est jamais observé dans les lagons ni dans les zones de kitesurf, qui sont proches des côtes et protégées par les récifs. Il évolue principalement au large, à plusieurs kilomètres de la barrière.

1.2 Comportement et habitat

1.2.1 Zones fréquentées

Les requins présents autour de l'île Maurice occupent divers habitats marins, en fonction de leur espèce et de leur stade de développement :

• Lagons peu profonds : Espèces comme le requin à pointes noires (Carcharhinus melanopterus) et le requin-citron (Negaprion acutidens) fréquentent les lagons et les zones côtières peu profondes, notamment les récifs coralliens.
• Récifs coralliens et tombants : Le requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos) et le requin à pointes blanches (Triaenodon obesus) sont souvent observés près des récifs coralliens et des tombants, où ils chassent des poissons et des céphalopodes.
• Eaux océaniques profondes : Des espèces comme le requin longimane (Carcharhinus longimanus) et le requin mako (Isurus oxyrinchus) évoluent principalement en haute mer, loin des côtes et des zones de baignade.

Il est important de noter que la majorité des requins à Maurice évitent les zones très fréquentées par les humains, comme les plages et les zones de kitesurf, préférant des habitats plus tranquilles.

1.2.2 Périodes de fréquentation

Les requins sont généralement plus actifs pendant certaines périodes de la journée :

• Aube et crépuscule : Beaucoup d'espèces de requins sont plus actives lors de ces périodes, profitant de la faible luminosité pour chasser.
• Nuit : Certaines espèces, comme le requin à pointes blanches, sont principalement nocturnes, chassant activement pendant la nuit et se reposant pendant la journée dans des grottes ou sous des surplombs rocheux.

Ces comportements varient selon les espèces et les conditions environnementales, mais en général, les requins évitent les zones très fréquentées par les humains pendant les heures de forte activité humaine.

1.3 Proies habituelles

Les requins autour de l'île Maurice ont une alimentation variée, adaptée à leur habitat et à leur morphologie :

• Poissons osseux : La principale source de nourriture pour la plupart des requins, incluant des espèces comme les mulets, les poissons-perroquets et les poissons-chirurgiens.
• Céphalopodes : Les calmars et les poulpes sont également des proies courantes, notamment pour des espèces comme le requin gris de récif.
• Crustacés : Les crabes et les crevettes sont consommés par certaines espèces, en particulier celles fréquentant les fonds sablonneux ou les zones récifales.
• Raies et autres requins : Les plus grands prédateurs, comme le grand requin-marteau, peuvent s'attaquer à d'autres requins ou à des raies.

1.3.1 Comportement alimentaire

Les requins sont des prédateurs opportunistes, utilisant divers sens pour localiser et capturer leurs proies :

• Olfaction : Leur sens de l'odorat est extrêmement développé, leur permettant de détecter des traces de sang ou d'autres substances chimiques à de grandes distances.
• Électroréception : Grâce aux ampoules de Lorenzini, les requins peuvent détecter les champs électriques produits par les mouvements musculaires de leurs proies, même cachées sous le sable.
• Vision : Bien que leur vision soit adaptée aux faibles luminosités, elle est moins précise que celle des humains, ce qui peut parfois conduire à des erreurs d'identification.

Les requins peuvent chasser seuls ou en groupe, selon l'espèce et la disponibilité des proies. Certains, comme le requin à pointes noires, sont connus pour chasser en groupe, encerclant les bancs de poissons pour faciliter la capture.

1.3.2 Risque de confusion avec les humains

Les attaques de requins sur les humains sont extrêmement rares à l'île Maurice. Lorsqu'elles se produisent, elles sont souvent le résultat d'une confusion :

• Silhouettes similaires : Les surfeurs ou les nageurs peuvent être confondus avec des proies naturelles des requins, comme les les tortues, en raison de leur silhouette vue d'en dessous.
• Comportements erratiques : Les mouvements désordonnés ou les éclaboussures peuvent attirer l'attention des requins, les incitant à enquêter.

Cependant, à Maurice, les zones de baignade et de kitesurf sont généralement situées dans des lagons peu profonds, protégés par des récifs, où la présence de grands requins est rare. De plus, les autorités locales (coast guard) surveillent régulièrement ces zones pour assurer la sécurité des usagers.

2. Statistiques des attaques de requins à l'île Maurice

2.1 Données historiques :

📊 2.1.1 Nombre d'attaques recensées

Selon les données du Global Shark Attack File (GSAF), l'île Maurice a enregistré un nombre très limité d'attaques de requins au cours des dernières décennies. Les incidents sont rares et souvent liés à des circonstances particulières.

📍 2.1.2 Localisation et circonstances des attaques

Les rares attaques documentées se sont généralement produites dans des zones spécifiques et dans des contextes particuliers :

• Zones de pêche : Certains incidents ont impliqué des pêcheurs opérant en haute mer, où la présence de requins est plus probable.
• Activités nautiques isolées : Des cas isolés ont été rapportés lors d'activités telles que la plongée ou la natation en dehors des zones surveillées.

Il est important de noter que les zones de baignade et de kitesurf, situées principalement dans les lagons protégés par des récifs, n'ont pas été le théâtre d'attaques de requins.

🦈 2.1.3 Espèces impliquées

Les espèces de requins potentiellement impliquées dans les rares incidents à Maurice incluent :

• Requin bouledogue (Carcharhinus leucas) : Connu pour sa capacité à évoluer en eaux douces et peu profondes, il est présent dans certaines zones côtières.
• Requin longimane (Carcharhinus longimanus) : Espèce pélagique, généralement rencontrée en haute mer, loin des côtes.

Cependant, aucune attaque confirmée n'a été attribuée spécifiquement à une espèce à Maurice, en raison du manque de données détaillées.

📅 2.1.4 Évolution dans le temps

Les données historiques indiquent une stabilité dans le nombre d'attaques de requins à l'île Maurice, sans augmentation significative au fil des années. Cette stabilité contraste avec certaines régions du monde où une augmentation des interactions entre humains et requins a été observée. Source : no-passion.com

En résumé, les attaques de requins à l'île Maurice sont extrêmement rares et généralement liées à des circonstances particulières, telles que la pêche en haute mer ou des activités nautiques en dehors des zones surveillées. Les zones de baignade et de kitesurf, situées dans des lagons protégés, offrent un environnement sûr pour les activités récréatives.

2.2 Comparaison avec les îles voisines

2.2.1 La Réunion

La Réunion est l'un des points chauds mondiaux en matière d'attaques de requins. Entre 1980 et 2017, l'île a enregistré 57 attaques, dont 26 mortelles, soit un taux de mortalité de 46 %, bien supérieur à la moyenne mondiale de 9 %. Les espèces principalement impliquées sont le requin bouledogue et le requin tigre. En raison de ces incidents, des mesures strictes ont été mises en place, notamment l'interdiction de la baignade et du surf dans certaines zones. Source : researchgate.net

2.2.2 Mayotte

Mayotte a enregistré une seule attaque de requin documentée, survenue en 1956 dans le canal du Mozambique, qui a été fatale. Depuis, aucun autre incident n'a été rapporté, ce qui en fait une zone à très faible risque.

2.2.3 Madagascar

Madagascar a connu 7 attaques de requins, dont 4 mortelles, selon les données disponibles. Ces incidents sont rares et souvent liés à des activités spécifiques comme la pêche ou la plongée en haute mer. Source : planetdeadly.com

2.2.4 Rodrigues

L'île Rodrigues, dépendance de Maurice, a enregistré une attaque non mortelle en 1963. Aucun autre incident n'a été signalé depuis, ce qui indique un risque extrêmement faible.